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Maruecco!
22 avril 2014

tourisme

Vous savez, quelque chose de très choquant ici, c'est les différences de niveau de vie. D'un quartier à l'autre, vous passez de la richesse extrême (villas avec piscine au bord de l'océan) à la pauvreté extrême (bidonvilles); et tout ce beau monde se regarde de biais : qui avec envie, qui avec mépris. Les riches sont occidentalisés, lettrés : ils parlent le darija, l'arabe classique, le français, l'anglais et toutes les langues qu'ils voudront. Ils peuvent vivre à l'occidentale : fumer, boire, faire du sexe. Ils emploient des chauffeurs, des bonnes, des jardiniers et ont de belles voitures. Les pauvres, eux, parlent le darija et/ou un autre dialecte. Ils ne savent pas forcément lire ou écrire, leur métier a été choisi par défaut, quand ils ont la chance d'en avoir un. Les habitations sont petites, entassées, dans des coins insalubres (lit de rivière...) les soins de santé on oublie...

Et nous on est là, les touristes, à déambuler d'un monde à l'autre niaisement, à constater que notre sac à dos vaut plus cher que la moitié des possessions de quelqu'un. Je n'ai pas fréquenté énormément de personnes "riches" ici, mais pour le peu que j'en ai vu, ça ne m'a pas fait envie. Ils ont peur de se faire attaquer ou cambrioler; les fenêtres sont grillagées, il faut des vigiles, des chauffeurs, faire attention à ses possessions, éviter certains quartiers, éviter la nuit, prendre le taxi, faire attention à ses billets, surveiller la bonne.

C'est quelque chose qui me gêne atrocement. Est-ce que toutes ces possessions ne deviennent pas des poids, quand on en est là ? Quel est l'intérêt d'avoir quelque chose qui vaut beaucoup, si on s'empêche de vivre, de rencontrer des gens, pour la conserver ? Je n'aime pas cette jalousie que la possession provoque ! ça nous rend méfiant et effrayé, et on ne regarde plus les autres avec tranquillité, mais avec suspicion : parce que j'ai ce quelque chose qui vaut cher, tu me fais peur. Je trouve que c'est très pesant; et très personnellement, ça me donne envie de balancer la moitié de mes affaires. Je n'aime pas avoir peur pour elles, je n'aime pas me sentir effrayée d'un regard parce que j'ai un bijou autour du cou ou un appareil photo dans ma poche. Je trouve que ça me gâche la vie, et j'aimerais mieux me trimballer en tongs et en djellaba dans des quartiers pauvres que me presser de planquer mon flouze quand je croise un type défoncé. 

Voilà, la jalousie : on a peur d'être dépossédé, alors on grillage ses fenêtres et on voit le ciel à travers des barreaux.

 

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